Le temps d'effectuer les quelques formalités, nous franchissons sans encombre la douane ouzbèque dans la région du Karakalpakstan (Nord Ouest).
On s'éloigne un peu de Noukous, première ville sur notre route, pour poser notre bivouac.
On repère un coin ombragé sur un chemin de terre qui mène aux champs. Le propriétaire de la maison voisine fabrique des briques en torchis et on lui demande si on peut rester là. Il acquiesse et on échange quelques mots. Après les kms parcourus au Turkménistan, nous décidons de rester sur place le lendemain.

 

 

 

Le matin, c'est le défilé...des gamins, des jeunes, des moins jeunes, tout le monde vient voir notre étrange équipement et réclame pour se faire photographier. Nos voisins nous invitent à boire un thé et nous proposent de venir regarder le match de la finale le soir. Bonne aubaine!
Pendant la discussion, les bouteilles de vodka et les verres de mirabelle se succèdent. Le soleil cogne, il fait très chaud, Phil a bien du mal à regagné le 4x4 où il s'effondre. Pendant qu'il cuve sur son matelas, une bonne partie du village défile à nouveau. C'est ainsi que nous apprenons que nous campons sur une "maguila" et deux individus nous montrent leur mécontentement. On cherche ce que peut être une "maguila" et on finit par trouver... c'est une tombe. Effectivement il y a un monument funéraire mais il est situé à 50m de là. Nous décidons donc de passer outre ces remarques isolées.
Nous devons être un bon petit groupe pour visionner le match et nous avons garder une bonne bouteille de vin géorgien pour l'occasion. Le match ne commence qu'à minuit (heure locale) et l'assistance se dissémine très vite. Il ne reste bientôt que notre hôte endormi et nous trois devant le petit écran. Bien triste soirée... à l'image du résultat. Pour info, la bouteille n'a même pas été débouchée et nous l'avons laissée à nos hôtes.
Le lundi, nous plions bagages devant une nouvelle assemblée. Pas moyen de faire sa toilette et d'avoir un moment d'intimité! Seul avantage, au moment du départ notre batterie est à plat et il nous est aisé de trouver des bras pour pousser notre lourd 4x4.

 

 

Nous nous dirigeons vers le Nord pour atteindre Moynaq. Autrefois l'un des deux grand port de la Mer d'Aral, cette ville se trouve aujourd'hui à 150 kms de l'eau. Les vestiges de sa flotte de pêche échoués sur le sable et rongés par la rouille sont le témoignage visible d'une des plus grave catastrophe écologique causé par l'homme.

Des planificateurs soviétiques décidèrent d'utiliser les fleuves se jetant dans la Mer d'Aral pour irriguer de nouveaux champs de coton entrainant ainsi son assèchement et dégradant le climat et l'écosystème de toute la région au détriment de sa population.
Entre 1966 et 1993, son niveau chuta de plus de 16 m (23 m actuellement) et ses rives orientales et méridionales reculèrent de 80 kms. Le taux croissant de salinité (100 g par litre) a fait disparaitre la dernière espèce de poisson vers 1985. Les principaux ports de pêche Aralsk au Nord (Kazakstan) et Moynaq au Sud furent abandonnés au début des années 1980. Depuis, la presque totalité des 60 000 habitants vivant de cette industrie ont désertés les lieux.

C'est dans cette ville, presque fantôme, écrasé par la chaleur que nous rencontrons Genia. Il nous précède sur sa motocyclette pour nous conduire sur les anciens rivages jonchés de bateaux à la coque rouillée. Ses explications et le récit de sa jeunesse ici nous font prendre conscience de l'ampleur des dégats. Il nous invite ensuite chez lui. Sa maison semble être construite sur une plage, mais pas de mer à l'horizon, seul un désert de steppe à perte de vue... Il nous explique alors que ses parents avaient une maison au bord de l'eau à quelques mètres de là mais qu'elle a été emportée lors d'une tempête. Ils ont alors reconstruit 100 m plus loin, celle dans laquelle vit actuellement. A cette époque, ils étaient loin de d'imaginer que trente ans plus tard elle se trouverait à 150 kms du rivage!
Durant notre balade sa femme Zina nous a préparé un succulent repas et ils veulent que nous restions dormir chez eux. Comme nous ne voulons pas laisser le véhicule dans la rue pour la nuit, nous nous installons juste à côté de chez eux. Après un double petit-dej (le nôtre + celui que Zina nous a préparé) nous quittons ces gens bien gentils avec regrets.

 

 

 

 

 

Nous reprenons en sens inverse les 210 kms de route monotone à travers un paysage désertique jusque Noukous puis gagnons Ourgentch dans le Karezm (grand delta fertile isolé au milieu des déserts). Dans cette région les rizières sont omniprésentes et il nous est bien difficile de trouver des endroits pour bivouaquer à l'écart des moustiques et des chemins très fréquentés par les habitants qui vont travailler.

 

 

 

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